LABRAUNDA - Zeus à la double hache

À propos

Zeus à la double hache

Sur les Traces de Mausole à Labraunda

Perdu au cœur des reliefs de l’ancienne Latmos, dans le sud-ouest de la Turquie, le sanctuaire antique de Zeus Labraundos, le dieu à la double hache, n’a rien perdu de son pouvoir d’attraction. Bien que longtemps oublié de l’histoire, le site figure aujourd’hui parmi les rares vestiges de la puissance d’une culture locale qui rayonna depuis cette région du bassin méditerranéen et dont un des promoteurs fut le fameux Mausole. Témoin de ce passé plurimillénaire, la culture du Çomakdağ prouve, à travers son architecture, la continuité d’une identité propre, bâtie sur la pierre, l’eau et le bois et attachée à cet « Esprit du Lieu » cher aux Anciens.

L’histoire des recherches

Les fouilles du site de Labraunda commencèrent en 1948 sous l’impulsion du prof. Axel W. Persson, de l’université d’Uppsala. Aujourd’hui les recherches, placées sous l’égide de l’Institut Français d’Etudes Anatoliennes, sont dirigées par Olivier Henry, du laboratoire AOROC de l’ENS. Elles bénéficient depuis 2012 d’une allocation de recherche du MAEDI et sont supportées, depuis 2014, par PSL Research University à travers la création d’une Chaire d’Excellence ArchAnat, domiciliée à l’ENS. L’équipe, composée d’une cinquantaine de personnes, est formée de spécialistes et étudiants de plus de 12 nationalités différentes. Elle s’appuit sur une coopération très étroite avec les universités locales turques et une collaboration avec les musées locaux, sous l’autorité de la Direction Générale du Patrimoine Turc.

L’exposition

Cette exposition est née de la volonté de mettre en parallèle les vestiges antiques de Labraunda et l’habitat moderne et traditionnel des montagnes du Comakdag. Montée à Istanbul, dans une version réduite, en 2010, elle a déjà beaucoup voyagé en Europe. La version de l’exposition présentée à Paris est la plus étendue jamais montrée. Grâce aux prises de vue d’Ali Konyali, les architectures antiques et modernes se retrouvent et s’unissent au sein de paysages majestueux. L’exposition est composée de 93 clichés grand format, en noir et blanc (pour les vestiges antiques) et en couleur (architecture moderne et paysages).

Histoire du site

Labraunda était le plus important des sanctuaires cariens dans l’antiquité. Ce lieu de culte du sud-ouest de l’Anatolie était dédié à Zeus Labraundos, le porteur de la double hache. Bien que les vestiges les plus anciens du sanctuaire datent du début de l’Âge du Bronze (vers 3500 av. J.-C.), le premier temple semble avoir été construit dans la seconde moitié du 6e s. av. J.-C. À cette époque le sanctuaire se limitait à une courte terrasse et à un modeste bâtiment entouré d’une forêt de platanes. C’est dans ce cadre notamment que les commandants de l’armée carienne se réunirent en 497 av. J.-C. pour décider de la suite à donner dans leur guerre contre l’Empire Perse. Vers le milieu du 4e s. av. J.-C. le sanctuaire fut profondément transformé. Les dynastes — satrapes Hékatomnides, Mausole (377-352 av. J.-C.), le concepteur du fameux Mausolée d’Halicarnasse, qui fut inscrit sur la liste des 7 merveilles du monde antique) et Idrieus (351-344 av. J.-C.), en firent un sanctuaire pan-carien, et le dotèrent d’une architecture somptuaire en même temps qu’ils en assurèrent la protection grâce à un réseau défensif disséminé dans le territoire et incluant une acropole. Au sein du temenos ils agrandirent le temple de Zeus et construisirent notamment deux salles de banquet monumentales (les Andrones), une série de colonnades (les Stoai), un trésor (les Oikoi), des fontaines monumentales (dont la Maison Dorique), deux entrées monumentales (les Propylea sud et est), entre autres. Une voie sacrée de près de 60 stades (env. 15 km) permettait de rejoindre Labraunda depuis la capitale carienne de Mylasa. Des processions y étaient organisées au cours du festival annuel de 5 jours institué par Mausole. Lors du festival de 355 av. J.-C., ce dernier échappa de justesse à une tentative d’assassinat. Au cours de la période hellénistique de très nombreuses autres structures furent ajoutées au sanctuaire : la fontaine hypostyle, la Stoa ouest, plusieurs longs murs de terrasse, une extension de l’acropole, etc. Cette période de construction continua durant la période romaine avec l’érection de trois ensembles balnéaires, l’aménagement de la terrasse M et la reconstruction de la Stoa nord, entre autres. L’arrivée du christianisme sur le site se manifeste dès le 4e s. ap. J.-C. avec l’apparition de l’église orientale rapidement suivie par celle de l’église occidentale. L’occupation du sanctuaire semble ne pas avoir connu de solution de continuité avant le 13e s. de notre ère. Le sanctuaire de Labraunda reste aujourd’hui, grâce à la qualité de ses vestiges, un témoin privilégié et unique de l’identité carienne.

Le Photographe

Ali Konyali

Né à Istanbul en 1960. Il étudie au département graphique des Beaux-Arts de l’Université de Mimar Sinan. Parallèlement, il entame sa carrière de photographe professionnel. En 1985, il prépare une exposition sur les Civilisations Anatoliennes sur la base d’un programme multivisuel intégrant présentations audiovisuelles, livres culturels et plusieurs publications. Il part en 1993 s’installer aux Etats-Unis où, tout en poursuivant son travail de photographe, il contribue à promouvoir la Turquie à travers plusieurs expositions. Il rentre en Turquie en 1993 où il réalise divers projets de photographie documentaire. Son activité l’amène aujourd’hui à s’investir dans la photographie documentaire et artistique, tout en continuant ses travaux d’édition et d’exposition.
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